• Un hiver semble résister en moi, mains violettes et visage glacé, je n'arrive pas à me réchauffer.
Je lis Journal pauvre et y trouve une essence, un bouleversement. Frédérique Germanaud écrit n'avoir pas besoin de plus d'argent mais de temps, avec appétit, feu, élan vital. Elle consigne ce pas vers un rôle social dilué, une vie sans travail et dans une marginalité qui n'existe que parce que le modèle économique actuel force à la rentabilité de tout, même des loisirs. Le sport est une quête de performances, un talent un plan d'investissement. Lire cette conquête d'une vie à soi, et pour soi, était me sentir vue, comprise et portée. Emotion vive, joie enfantine même, de voir l'autrice se préparer pour une heure de natation dans une journée dont elle est la seule régisseuse, y découvrir des points communs avec ma propre journée d'alors, ma propre vie. Comme elle, avoir souvent envie d'acheter un livre lu avidement pour le conserver à mes côtés, et donc ici son journal. Quatorze euros, belle édition qui sent la lenteur.

• J'ai été d'une étourderie qui fait perdre bêtement du temps. Pourtant, dernières heures libres avant les longues journées de salariat. Deux gardes de chat pour ma tirelire.

• Dimanche de soleil, mais pas sortie. La veille, avoir eu envie de pleurer après la ville, moulue de bruits.
Cuisiner des choses délicieuses, tenir un peu le terrier avant la semaine ouvrée, et le chat dans mes bras.
Je jette des graines dans le bac de terre dehors.
Je somnole.
Je termine le livre offert par B., souri de la lecture puis de lui.
Je lave mes cheveux à grandes eaux.
Dimanche soir au goût de veille d'école, nœud dans le ventre, le coyote perd toujours contre Bip-Bip sur la 4 et ça sent la tartine grillée dans la cuisine.