500mg, 1g, codéine et chat tigré


Et toujours, cette comme migraine.
Elle me réveille la nuit, me lever prendre un comprimé est une épreuve. Je passe mes journées dans un silence relatif, tente la douche froide, le café sucré, la sieste. Je prends l'air dans la cour, parviens à lire un peu, mais le blanc de la page me cogne les yeux. J'embrasse mille fois le chat qui ondule sur la table et m'aime si doux, surprends un oiseau et ses plans de maçonnerie (cette feuille est un choix, il en arrachait d'autres avant, en rouspètant probablement, "Ni fait ni à faire ça... Roh, je vais faire cui-cui à l'autre patapouf, ça va lui faire plaisir. C'est con, un chat"). Je sens mes épaules bétonnées d'avoir porté la semaine pas très marrante, pleines de petites entraves sans gravité mais sans soin pour mes rêveries, m'en fais l'impression tenace d'être parfaitement inadaptée à la vie. Pourtant, ça va, c'est presque indécent. Je cuisine un peu. Je tends et détends mon corps sur le tapis de yoga, surprends le regard gentil de Verlaine dans le canapé. Ça me fait penser à B., le lui écris. 
Je me couche dans des draps propres, nouveau comprimé. Je devrais boire de l'eau, plein, mais ensuite les réveils, et la migraine, et le cercle. Je me dis que demain, ça ira mieux. Il y a des cookies chocolat-orange, puis le chat sous l'édredon. Le printemps à surveiller, le prunier japonais perd ses fleurs et trouve ses feuilles. Les piles de livres et les tendresses qui font refuge, le soleil qui viendra bien un jour. Ça fait un cap, la beauté, le seul que je garde.