Brèves de rivages

• Je me glisse au lit le soir avec la saine fatigue des heures bien vécues. Je ris beaucoup et dors mieux chaque nuit.
Bientôt, il faudra enlever un plaid, puis un autre, et encore un autre. Août viendra, couette pliée dans le placard et mon corps nu sous le petit drap grésillera encore de la chaleur diurne. Mais pour le moment, Verlaine Ty Miaou est entre deux édredons, j'ai une bouillotte et un bâillement. 

• Je suis dans un petit recoin de la maison de quartier, sac de courses à mes pieds et cheveux fous bouclés des longueurs du midi. Je regarde les voitures.
Le printemps arrive et j'espère des ciels bleus, quelques heures dans une herbe verte. J'espère le déploiement, l'embrasement, l'exploration, de la vie qui se niche jusqu'aux entrailles, infuse mes eaux pour mille hivers.
Je crois que je flirte un peu avec lui.
Ça me fait sourire, de ne pas en être certaine, car ça dessine une affaire d'aisance joyeuse et de tendresse naturelles. C'est sans danger, rare et précieux, un flou paisible qui sent nos cotons tièdes, les mots bien tissés qu'on n'écrit à personne d'autre et les endroits du monde bien cachés, sans vocabulaire précis. Ne pas tenir aux mots pour signifier ce nous est un repos dans ces schémas binaires où il faut incarner, définir, déclarer et tenir haut.

• J'espère mon jeudi qu'à moi avec une avidité, un élan. Je rêve de la simplicité qu'il est, longueurs et lecture, petit marché et silence heureux. Le chat et moi, notre domaine. Le rendez-vous est pris : demain, nos comme fugue.
Je pense aussi à la mer, j'espère qu'elle va bien. Je me demande si mes brasses lui manquent autant qu'à moi. J'ai boudé du Pass Rail enterré, pensé à cet été où j'ai, presque chaque matin, pris un train pour la rêverie malouine, solitaire sans ennui.