(sans titre)

Il lisait beaucoup, accordait une importance exagérée aux mots alors que sa lecture était laborieuse. Il se promenait avec des livres qu'il coupait en deux avec une scie à bois en braillant que cette journée allait être le feu. Les livres coupés, c'était pour les glisser dans ses poches, et le feu c'était pour tenir bien droit dans ses jours, ses espadrilles fatiguées et son corps perclus de douleurs d'ouvrier mal payé.

Il buvait au petit bar des sirops à l'eau, il avait bien vu ce que ça donnait sur les copains, les alcools. Ils l'appelaient la sucrée, il faisait semblant de râler mais ça lui plaisait finalement bien, lui le tout séché par le temps. Le matin, il trouvait qu'il devenait de plus en plus gris. Il respirait ses bras pour essayer de surprendre une odeur de granit. Mais il ne trouvait que la poussière de Kafka, du vent d'ouest à la verveine et le fantôme de cette peau adorée.