Dans la marge d'un carnet d'heures

Je ne laisse pas n'importe qui entrer dans ma vie, ni même dans mon simple périmètre. Je me vois me replier quand, tant de petits détails, des voix fortes à cette impression d'être brusquée. Il y a certaines fuites dont je ne suis pas très fière. Je n'ai pas, plus, de potes, ce modèle de relations ne m'apporte aucune joie, je n'aime même pas le mot qui sonne comme un rot insolent. Il en reste un peu, de ces liens sans investissements, mais s'ils sont légers ils restent sûrs, stables. En marge de mon cœur bordé, il y a : 

Inventaire de ce qui reste, mon Pour Toujours, après cette tempête

les promenades - le thé dans le silence - lire longtemps - aimer fort - les repas simples faits de mes mains et mon temps - penser à la mer au bout de cette rue de Saint-Malo, après le trajet en train, mon mal au ventre de joie et ma course pour atteindre la plage - mes deux amies qui m'aiment comme ça, tatouage de gang et "on se sait" - le sport qui délie et me ramène - les livres partout, tout le temps, en faisant des crêpes ou en me lavant les dents, piles dangereuses comme hors de contrôle - B., le seul homme qui, le seul homme que, espace émouvant du monde et de la tendresse sans définitions, limites ou étiquettes, confiance aveugle jusqu'à son corps - les émissions de radio sur un poète chilien, les jardins partagés ou la politique - apprendre, de la fermentation du kombucha à la lessive au lierre - les magies douces - retrouver la piscine, calme de l'eau et mes bras forts, surmonter le complexe cuisant de cette chute de cheveux brutale - Verlaine Ty Miaou en ami doux, rieur et adoré, blagueur - des passions folles pour les courriers égarés, les maisons Bon Pasteur, les vies en marge, en vert et sans grabuge - savoir être seule - des lendemains qu'à moi.

Je suis de la race des cours d'eau tranquilles, des ombres filantes et du calme des feuilles après le vent.