(sans titre)

Je dors si mal, je dors si mal, je me tiens à la veille, je tempête, emmêle mes cheveux à me tourner et me retourner, empêtre mes pieds dans les pans du jour fini, du jour que je retiens par la manche, une minute encore, une petite avant la mort.
Sois la main qui apaise et immobilise, lèche mon ventre et fais-y germer la paix d'une journée bien vécue, quittée repue et sans regrets. Laissons s'abreuver dans l'exact espace entre ta langue et ma peau les oiseaux de minuit, les rêveries sans féerie, le petit feu de tes doigts qui dévalent hanches, os et inventaire tatoué, peau brûlée, muscles éprouvés, nuage brûlé.
Caresse mon dos en une comptine, comme on apaiserait la rage d'un enfant des bois.
Embrasse mes paupières, cloue-les, borde-moi d'un foyer tiède.
Abandonne-moi au sommeil, fais-moi déesse d'un culte païen et obscène, nudité claire et rite obscur.
Laisse-moi dormir contre toi.
Emmêle mes doigts à tes poils, tes cils aux miens, dormons de la fièvre des fugueurs célestes.