J'ai désormais des préoccupations de nageuse.
Les ongles abîmés par le chlore, la peau desséchée, alors les huiles, les baumes et les prières. En pétrissant mon corps, je remarque. Les biceps dessinés, les cuisses musclées. Les épaules, droites.
Mes cheveux, en pleine transition vers un shampooing solide, sont de vagues colocataires. On pourra discuter quand ils auront fini leur caprice.
Il y a aussi mon historique YouTube qui analyse crawl et battements entre deux vidéos de Pilates et de yoga, celui de Google qui ne me répond pas sur la question de l'écran solaire pour nager dehors. Dans le doute, je vais rajouter une crème waterproof à mes affaires, quand le printemps viendra enfin. C'est toute une intendance, sac de sport à faire et défaire, linge qui sèche, cycle sans fin. J'ai acheté deux maillots de sportive et des serviettes en microfibre, j'ai une gourde avec des requins et des palmes roses.
Si je suis toujours la loutre la plus tatouée du bassin, je suis aussi celle qui attire les admirations en utilisant la douche froide. Je suis celle qui nage le plus longtemps et sans m'arrêter un instant, ça agace certains hommes, ceux qui doublent comme des cochons et font mumuse avec leurs montres connectées.
J'ai deux piscines maintenant, le bassin nordique un peu loin et celui couvert juste à côté. Je suis aussi en train de passer de deux heures hebdomadaires à trois, avec l'envie de passer à quatre, déjà.
Loutre véloce, toujours chlorée, souvent courbaturée.

Vivement que je me remette à la course à pied, histoire de diversifier l'inventaire de ma corde à linge.