Je file quelques temps être très triste.
Écrire si souvent que je tiens bon et m'accroche aux poésies m'empêche de vivre pleinement la douleur, ses vagues et ses accalmies. Serrer les dents aussi fort sur les mots, c'est museler le torrent. Je vis une épreuve inédite et sans méthode. J'ai besoin de m'y perdre, y peiner, assembler ce que je gagne, pulvérise et bricole. J'ai besoin d'apprécier les jours plus faciles, la joie d'être consolée, accompagnée. Le chemin vers la guérison, les deuils et les portes refermées. Les chagrins assumés et acceptés. 
Les limites de l'auto-persuasion sont atteintes. 

Je file souffrir, intégralement. Avoir mal sans parade. Puis trouver des beautés, des magies douces, des joies, les laisser n'être que pour moi. Les vivre elles aussi pleinement. Du rayon de soleil qui réchauffe au sexe qui réconforte. Laisser le soulagement pousser de la vie, et ne pas le valoriser dans une mise en écriture pour un lectorat.