Ces derniers jours, je nage dehors. J'écris des poèmes en pensant à cet éditeur. Je sens mes muscles et mon sang paître dans un avril si lent, nous sommes le 8 du mois, ressenti 72, et ce lundi a un goût de fond d'évier. Je me jette à l'air au moindre ciel bleu. J'ai mal à la tête puis je bois des orties. J'ai vu un chien géant, des plans de travail qui donnent envie de se faire déglinguer dessus et donc découvert le pouvoir érotique de Leroy Merlin. Ça va dans mon herbier d'effleurements rêvés, avec notamment mes envies d'être embrassée jusqu'au typhon dans le petit recoin au pied des escaliers et d'être voulue sur mon petit paillasson, endroit parfait où frissonner de désir, mal cachés des voisins. J'ai pris un bus qui secoue, une voiture de riches et un caddie bleu. J'ai acheté du pak choï et un bac à glaçons en forme de têtes de chat.

Ces derniers jours, je me tricote aussi du pouvoir indéfinissable du flirt poétique et de l'étreinte. J'espère parfois étoffer cette vingtaine, l'effusion estivale trop tôt bouclée, l'exploration inachevée, les audaces muselées, ce sans sérieux et plein de tendresse, à mille lieux des autres formes de parades. Un relevé topographique de la douceur. Son corps reste mystérieux, malgré les ébauches de débauches précédentes, a-t-il un soupir au bout des doigts, un grain de beauté entre les côtes, son souffle qui si je murmure que, quel feu naît si je guide ses doigts et sa langue, descend mes mains et, quel est le goût de sa peau, de sa clavicule.
J'aimerais dans la chaleur être contenue.
Je me demande comment font les pissenlits. A gigoter comme ça dans le vent, c'est à en oublier d'être né.


[J'ai eu ce fameux petit flottement à la publication de ce billet. Si il lit... Eh bien si il lit, déjà, quel honneur. Il m'a écrit un jour, "Je ne lis plus depuis toi", ça me fait encore rougir. Donc. Si il lit... Eh bien rien. C'est lui, puis moi, deux crapules aux frontières. A nos dernières heures dans ma cour, nos mots sur le sexe et nos yeux qui se cherchent, évaluent nos cils et les mots qui éclatent à nos lèvres. En refermant la porte, je l'ai entrevu se retourner, chercher à croiser mon regard. Je n'ai pas suspendu mon geste, il était pourtant là, son sourire, l'inclinaison de sa tête. Parfois, je suis une patate aux bras ballants. Écrire ça ici, malgré le fait que oui, il le lit peut-être, sûrement même, et c'est beau, car il est aussi là, son amour, et aussi sûr que ça, c'est relever mon regard de la poignée, trouver ses yeux et cet espace libre, ce désir, nous l'offrir comme une nouvelle marée, encore, s'encanailler dans un jeu sensuel sans danger, étreindre la possibilité des nuages brûlés. C'est lui donc, pas le PDG de Leroy Merlin, pardon monsieur mais c'est vrai que vos grosses planches là, bon sang, alors mes amies et moi sommes formelles, ça vient de l'épaisseur, du fait que laissées là en rayon sans rien, c'est prometteur, c'est... Pour ma part, j'ai une paillasse ridicule et froide aux fesses, super... Non, vraiment, osez une communication sur la libido, vous allez voir le chiffre d'affaires exploser, le nombre de visites, n'en parlons pas, agrandissez vos parkings)