Funambule

Je m'accroche et m'applique à rester debout, garde haut le menton et ne quitte pas du regard l'horizon. J'apprends la patience. À être ici et maintenant.
Je tiens entre mes doigts avides quelques facilités. Des beautés qui font que mourir devient révoltant. Un poème qui tient du petit pull. Une allée du parc qui confond en douceur. Une soupe qui protège de la tempête.
Je m'agrippe.
J'échappe au gouffre.
J'apprivoise cette vulnérabilité. J'essaye, je tente, je tiens. Relâche mes muscles, desserre les dents. Libère l'oiseau encagé dans mes forges.
J'espère mer, corps qui tient le mien et pieds qu'on pose sur le chemin malgré l'opacité de la nuit. C'est une affaire sauvage de coeurs qui battent, d'eaux indomptables, de nids dans les branches. Je rêve de fermer les yeux dans cette étreinte qui protège, qui veille. Je rêve de fermer les yeux dans une protection, un abandon.

Le fil tangue à peine.
Après le funambulisme vient la magie.
Le ressac des bêtes dans les cerceaux en flammes.
La poussière des embruns sur les joues rougies par l'automne.