Le traité

Je me demande si tu aimes encore la mer en hiver, la pluie quand tu es au sec, trouver de la monnaie dans une poche et une boulangerie sur le chemin.
Je me demande si tu aimes encore qu'on t'embrasse là, juste là, non ne le dis pas, si tu repenses à des bras autour de ton buste et à des mains à saisir, caresser, serrer, baiser et chérir.
Je me demande si tu aimes encore la saine fatigue après la longue marche, la course de doigts sur tes côtes, la peine du beau passé mal regardé.
Je me demande, si ta nuit, tes saisons, si tu penses aux oiseaux la nuit et à l'océan perdu, si tu guettes tes pieds et le goût de la terre après la pluie.
Je me demande si tu m'aimes encore un peu, moi, juste un peu, et demande si tu ne m'as jamais aimée. Je me demande si les autres, encore plus, encore fort.

Je me demande si ton coeur s'emballe encore quand vient la fin de tes films, ceux où on pleure dans des langues inconnues et des paysages verts et gris d'autres pluies.

Je me demande si la paix, la paix instaurée entre nous deux, la paix qu'on fait parce qu'on ne s'aime pas assez pour se détester, je me demande si la paix va résister.
Je me demande si la paix va résister à mon cœur qui bat de l'existence du tien, mon coeur qui bat du simple fait que tu vis encore, que tu vis toujours, en corps et en coeur, même loin, même trop. Je te sens, j'en bats, ta voix trop forte et tes mots plus encore, ta cour et moi à tes pieds. Je détricote, enlève l'épingle, ça pique de toi, les dessins comme ça.
Je me demande, si ma folie résistera au temps, si ma folie résistera aux mains, aux gants, aux blancs des murs et aux mots sans figure.
Je me demande, non, je sais, ce n'est que la tienne que je voudrais. Ta figure, même pâle et triste, ta figure à saisir, caresser, serrer, baiser et chérir.