Enfance

Je porte parfois l'enfance sur mes épaules, sens ses petits mollets ronds et doux sous mes doigts.

Je garde encore cette main qui grandit vite dans la mienne.
On traverse bien au vert, rallonge les goûters les jours sans devoirs.
On fait des crêpes et des chansons.
Elle apprend et pousse vers le ciel.
Devient trop lourde entre mes bras.

Je porte parfois l'enfance sur mes épaules.
Je ne sais pas si c'est la mienne.
Celle pas eue, celle pas donnée.
Je ne sais pas comment la border.
Corps endormi qu'on met au lit, depuis la voiture qui refroidit après le trajet dans la campagne noire, depuis le film qui s'évapore dans le salon devenu si étrange, comme ça, quitté sans cri, pipi les dents au lit j'ai dit.
Ventre et canapé désertés dans un dimanche veille de rentrée,
Le lit est fait.
L'enfant absent.