Je vis dans les marges, y flambe et y craque de petites allumettes en mots, papiers cassés, argile creusée.

J'élabore des mondes pour ne pas périr de celui-ci. On m'a dit trop virulente, alors j'ai compté mes sous et sur elle pour le graver au-dessus de mon genou. Virulente... Je suis virulente oui, je suis virulente du cri de cet homme, son œil perdu après le tir d'un CRS. Je suis virulente de la CAF qui baisse tous les trois mois et sans raison. Je suis virulente d'avoir déjà eu le téléphone coupé. Je suis virulente des mamans qui sautent le diner, des prisons remplies, des fachos qui défilent dans la rue. Je suis virulente car je crois qu'un autre monde est possible et nécessaire, je suis virulente car je le veux, je nous le veux. Je suis virulente car nous méritons mieux.

J'écris et peins et invente et sculpte et coupe et imagine avec feu, j'aime et rêve, en espérant la force des mauvaises graines, le courage des pies hurlantes.

Virulente, je suis fleur vagabonde, feu de broussaille et savoirs en sorcellerie. 

Quelques siècles avant, on m'aurait tuée, jetée dans une maison de correction ou un couvent, sur un bûcher ou dans le lit d'un homme, forcée. 

2024, je porte la corvée, mais le menton haut des ressuscitées, la puissance des autres virulentes.

2024, j'écorche mon genou du mot soufflé, je ramasse mes livres et crée nos jours, embrasse la joie et nos éclats.


Les premiers cyanotypes secs, sous la presse de fortune, caisse lestée de papiers et outils à ouvrages divers. 

La robe du jour, sur la corde à linge.

Le chat adoré, à mes côtés.

J'apprends le maniement de petits scalpels et de gouges. J'entame le lino, perce le papier, tiens mes doigts en sécurité, me repère à mes dessins préparatoires et mes exigences. Je traîne au magasin d'art en pendant à Van Gogh, dont le frère achetait des gouaches à n'en plus finir. C'est pour ça, le foisonnement de matière : il avait l'argent familial pour. Je tourne autour de cette peinture dorée pour une autre lino, sur ces petits outils japonais et ces feutres précis. J'ai vu du papier pour une reliure, mais je ne peux pas investir maintenant. J'ai organisé une tombola et tout mis déjà, dans mon prochain projet en vente, dans une imprimante à étiquettes d'expédition. 

La nuit s'ourle et un mal de tête me perce les yeux. 

Je vais jouer les bandits et finir ma lecture. Vivre cette nuit d'été tombée comme ça, comme l'amour qui fait beau. 

Juillet

Mes mains sous l'argile et la peinture, attendre le soleil pour les cyanotypes, du soleil et du sommeil.

J'ai étiré mes veilles en nuits trop courtes, mon inquiétude en savoirs nouveaux et mon corps nu sous la couette lourde.

Je fais ma vie et défais des sacs de course, un carton, mes lacets dans l'herbe froide. 

Miscellanées

 ☁️ Lundi, je vis cet effroi et notre beauté, crée beaucoup, mardi j'invente des lendemains, mercredi mon ventre se défait et je n'ai plus internet, règle au passage le problème d'accès à la fibre et attends dans un silence monacal le retour à une normalité sans réelle entrave, jeudi je reçois mon étagère et range le terrier qui semble neuf, vendredi je compte les jours, samedi je saigne et souffre beaucoup, dimanche je lis au lit et peins.

☁️ Je suis dans un espace de la fatigue ouaté. J'ai des choses à faire, mais tenir les coutures de mon corps est un effort. Je fais des siestes et dévore, perds un sang considérable et donc des forces. J'ai pris une douche et dois m'en reposer.

☁️ Je dois sortir une petite feuille pour lister les travaux d'été. L'argile la résine la broderie la reliure le papier le club de lecture les ateliers d'écriture le journal intime les box de livres d'occasion les vidéos et on revient pourtant, au nuage passé au-dessus du toit juste avant. Un instant, un instant, le repos. Où part mon corps quand il se défragmente ainsi.

☁️ Je lis Marie-Hélène Lafon, L'annonce. Il y a une économie qui raconte tant, des mains qui disent, le noir de la nuit qui n'en finit pas de tomber et l'amour simple et sans drame, rangé, comme des balles de paille dans des champs jaunes. 

Poèmes de poche

 




Dans la vie, je crois au pouvoir de la création. Pas dans un simple élan personnel, la volonté de se panser.
Je crois en la création comme outil révolutionnaire.
Créer, d'une broderie à une œuvre littéraire en douze volumes, c'est se dresser de toute sa petite taille d'humain et tenir face à la mort, au temps, à ce qui nous échappe.
Créer est une résistance. 
Du détenu à l'auteur en salon littéraire.
Du graffeur au peintre exposé.
Des bords de table de cuisine aux librairies bondées.
Créer est une guérilla. 

Afin de tenir jusqu'au 7 juillet, des poèmes de poche sont disponibles, contre don à partir de 2 euros (histoire de couvrir les frais de port et un petit bout de fournitures). Des poèmes comme des amulettes.
Ils sont tous uniques, de mes mains, de la peinture aux mots, s'ouvrent sur un feu, une consolation, nos demains. Lumière, kintsugi.
Une dizaine s'envole dès demain vers leurs chagrinées.
Ils sont disponibles ici, par simple commentaire, ou sur Instagram. Vous trouverez.
On trouve toujours.


Notes : 
Nous avons beaucoup œuvré aujourd'hui avec mon amie C.
Vous aurez demain accès à des tracts et affiche en téléchargement libre, pour enjoindre à voter, et dès leur réception à des stickers de chats vénères (contre don, à partir de 2 euros).
Maintenant, dormons un peu.
Tenons bon, tenons beau.

Élections, bibliothèques et feux d'hiver

Dimanche, il est 4 heures 07 et je suis réveillée depuis, oh, bien trop longtemps pour l'heure, bien sûr. Verlaine ronfle doucement, et je me suis dit, devant de nouveaux articles, que si on allait cohabiter avec l'extrême-droite, ma vie allait sombrer. J'ai un peu faim, un livre où me réfugier, pensé sortir demain ma broche qui dit "On va tous crever et ce sera bien fait". Tombant en moi, je me retiens au bord de mes joies, de mon terrier coloré et de ma, il n'y a pas à dire, charmante petite personne. Je regarde mes bibliothèques, rangées ce week-end sans imaginer que ce serait comme faire des réserves pour un tel hiver. J'écris ces mots comme on tient un corps aimé et chaud dans un froid soudain. Tiens, je te tiens. C'est dit, je te tiens. Il est temps de ne plus être des petits mathématiciens et de border nos peaux d'une tendresse qui fait révolution.

Il s'agira d'exister très fort pour résister, inspirer, tenir bon et beau. 

Miscellanées

☁️ Lundi, je prends le ciel et des couleurs, mardi deux paquets de Dinosaurus au petit Carrefour City, mercredi sa main le long du boulevard, jeudi des pâtisseries de droite et de gauche, vendredi mon sourire flou car la veille, samedi et dimanche seront des espoirs et des désespoirs. 

☁️ J’ai lu entre 4 heures 47 et 5 heures 56 dans mon lit, la nuit a fait bleu noir puis noir bleu. J’ai regardé des tutoriels pour faire du papier, en est trouvé un éblouissant que j’envoie à C., rajoutant « Serviettes en papier » à ma liste de courses. 

☁️ Le soleil a un éclat absolument parfait, je revis comme un petit animal essoré. Je repense aux petits vieux de Saint-Malo, adossés en maillots de bain contre les remparts, à se réchauffer les os au contact des vieilles pierres. 

☁️ Je me suis mis ce matin en tête de travailler sur un support chaque jour, du début à la fin. Ainsi, je pars chercher mon acrylique et mes mots, choisi de plonger dans ce paquet de feuilles de brouillon gardées sans grand but. Je décide, que la seule contrainte est celle-ci. Celle de la valorisation. Je coupe le minimum et le réemploie, ce sera ça, un assemblage de papiers sauvés. 

☁️ Je dois sortir une nouvelle feuille pour noter tous les projets que je veux mener. Le dernier : un travail écriture autour de mon terrier, qui soit de sa longueur en prime. 

☁️ Je crée ici et ici, vends mon zine ici, et donc là aussi. Les commentaires sont rouverts et j’ai un rouleau de scotch au poignet. En route. J’ai bien envie de m’offrir un cadeau de bravo, de moi à moi. J’ai vu un sac rocambolesque en forme de tulipe chez Coucou Suzette, mais j’ai aussi vu de la papeterie japonaise, quelques investissements à faire pour tout ça. On verra quand la Ty Miaou Corporation entrera au CAC40.